05juin

Fear Agent pour les fanas d’humour noir

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Heath Hudson, texan pur jus, querelleur d’exception et catastrophe galactique notoire, est un homme au bout du rouleau, imbibé d’alcool, à l’hygiène douteuse et aux tendances suicidaires quasi perpétuelles. Ayant quitté la terre depuis 10 ans, vivant dans son vieux vaisseau / taudis spatial avec pour seule compagnie l’intelligence artificielle de celui-ci, Annie, qui le materne autant que faire se peut, il parcourt cahin-caha - au vu de sa consommation éthylique, cela s’explique - l’univers en qualité de tueur d’extraterrestres / chasseur de primes avec plus ou moins de réussite. Car si Heath est, malgré son état, tout-à-fait capable, plutôt compétent et porté à l’héroïsme, il est surtout le champion toute catégorie de la Scoumoune majeure, de la malchance patentée, de la poisse extrême, des choix irréfléchis et des coups de tête malencontreux : c’est simple, à chaque mission son lot de conséquences inattendues et au mieux désastreuses, le tout dans des proportions inouïes voire universelles. Notre exterminateur s’en sort néanmoins à chaque fois - ce qui est loin d’être le cas de ses compagnons -, pas toujours dans le meilleur des états et souvent en devant bien plus tard gérer - de la pire des manières hélas - les répercussions de ses actes. Il fut cependant un temps où il était un héros et non ce poissard cosmique, l’un des membres fondateurs des Fear Agent, qui ont il y a plus de 10 ans, sauvé ce qu’il restait de la terre - et des terriens - d'une invasion massive doublée d’une guerre de territoires entre des guerriers zélotes robotiques et des vomis verdâtres en scaphandres - avec au milieu de ce joyeux chaos l’intervention de vautours reptiliens de l’espace, sorte de vélociraptors avec jetpacks -. A l’occasion d’une mission d’extermination d’alien somme toute classique, Heath devient le rouage essentiel - même s’il n’en est ni conscient, ni favorable surtout s’il avait ne serait-ce qu’une vague idée des répercussions - et l’ultime recours d’une machination aux proportions spatio-temporelles gargantuesques et à la finalité apocalyptique pour l’ensemble des êtres vivants...Sa simple existence et ses actes passés, présents et à-venir - mais la temporalité a un caractère relatif dans cette affaire - sont les clés de l’avenir de la galaxie. Pour conjurer le destin ennemi, il n’aura d’autres choix que de se confronter à son passé, découvrir ce qui lui a été caché et accepter le rôle qui est le sien - et non pas celui qu’on s’évertue à lui faire jouer - dans cette tragi-comédie aux relents d’extinction universelle. Complot intercosmique, romances d’opérette, amour infini, aventures exotiques, extermination d’aliens, extraction de la réalité, boucle temporelle, brisure du continuum, changement de continuité...Rien ne sera épargné au dernier des Fear Agents qui fera tout - et son contraire, et vice-versa - pour contrer le funeste avenir annoncé. En route pour les passionnantes (més)aventures de Heath Hudson, l’ultime Fear Agent.

Récit de science-fiction à tiroirs, enjoué et fourmillant d’idées et de concepts, plus profond que ce qu’il laisse de prime abord paraître, Fear Agent se nourrit harmonieusement de différents styles - pulps, récits d’aventure, space-opéra délirant, saga familiale - pour rendre une copie quasi-parfaite. Les influences qui traversent Fear Agent sont légions, rappelant les romans et films rétro-futuristes des années 50, les grandes sagas spatiales que sont Star Wars et Star Trek, mais aussi, de façon plus étonnante, la série TV les Mystères de l’Ouest. Si la trame principale, feuilletonnante en diable, est riche et complexe, la narration, laissant une large part à l’action, à l’émotion et à l’humour, en est toujours fluide avec pourtant un usage immodéré de cliffhangers - suspens de fin d’épisode -, d’ellipses et de retournements scénaristiques majeurs. La saga du dernier Fear Agent, si délirante et universelle soit-elle, est ainsi toujours traitée avec beaucoup de respect, énormément d’intelligence et s’avère au final des plus touchantes. Le portrait de Heath sonne juste, le décrivant comme un homme brisé, morcelé par son chagrin et sa culpabilité, qui ne peut se pardonner ses actes, ne peut surmonter ses pertes et qui techniquement ne recherche que la mort, tout ce en quoi il croyait, tout ce qu’il aimait ayant été englouti par le souffle de l’histoire et sa propension à sans cesse empirer des situations qui ne le nécessitent pas. Le scénario installe rapidement une image d’Epinal d’antihéros hâbleur, bas de plafond et fier-à-bras avant, par touches successives et au gré des errances “éthylicosmiques” de Hudson, d’en éplucher la psyché, l’histoire tragique et les traumatismes qui l’y ont amené. Tour à tour, père de famille aimant, guerrier par nécessité, héros mondial “par accident”, loser magnifique par destination, dernier et improbable espoir de la galaxie en l’absence d’autre choix, Heath a embrassé tous les rôles que la vie a bien voulu lui distribuer - ou qu’il s’est arrogé -, avec plus ou moins de bonheur. La conspiration qu’il découvre - et va tenter de faire capoter - va non seulement lui permettre d’effectuer son dernier - et désespéré - baroud d’honneur mais surtout lui offrir l’occasion de grandir et de s’assumer, psychologiquement et émotionnellement, de faire la paix avec lui-même et d’enfin trouver la rédemption qu’il a toujours recherchée. Fear Agent, outre un récit d’aventures cosmiques impeccablement - et implacablement - mené, est surtout la formidable histoire de la vie d’un homme, de ses terribles failles à ses plus hautes qualités, de ses périodes heureuses à ses heures les plus noires, des moments qui changent tout à ceux qui demeurent à jamais, des non-dits coupables aux mots qu’on n’attend plus. Un Must-Have direct, un récit d’anthologie majeur.

Le scénariste et créateur Rick Remender s’est d’abord fait connaître dans l’animation - le Géant de Fer ; Titan A.E...- avant de se lancer dans les scénarii via des romans graphiques, puis dans des comics indépendants. Il s’illustre ensuite chez Marvel Comics - différentes séries liées aux Avengers et aux X-Men - où il devient un scénariste à suivre. Après la signature d’un contrat d’exclusivité, il y a lancé et scénarisé la série plébiscitée et multiprimée Uncanny X-Force - un spin off (série dérivée) adulte et désespéré des célèbres mutants Marvel, les X-Men -. Avant de connaître le succès public et critique avec ses travaux chez Marvel, il a lancé en 2005 avec Tony Moore - et Jérôme Opena - Fear Agent. Le dessinateur Tony Moore n’est pas spécialement un inconnu dans le monde du comics, ayant “seulement” en 2003, avec le scénariste Robert Kirkman, relancé - voire révolutionné - le genre du comics d’horreur/zombies avec la “petite” série “Walking Dead” ; Moore demeurera sur le titre durant les 6 premiers épisodes et y gagnera 2 Eisner Awards. Son dessin précis et expressif sied à ravir aux tribulations du dernier des Fear Agents - dont il a en grande partie défini la charte graphique - et concourt clairement à son succès du fait de son osmose avec le scénario. Jérôme Opena, le second dessinateur attitré, est un habitué des comics indépendants et de Marvel comics, souvent en collaboration avec Remender - de nombreux épisodes d’X-Force ; la série indépendante Seven to Eternity -, son trait plus nerveux - et parfois plus brut - son sens du design et de la scénographie font merveilles sur Fear Agent. Les 2 dessinateurs se relaieront sur la série lors des différents arcs narratifs - partie d’une œuvre plus globale qui possède ses propres introduction et conclusion mais qui s’inscrit dans la trame scénaristique au sens le plus large ; sur Fear Agents, ils sont de 5 à 6 épisodes à chaque fois -.

Pour qui : toutes celles et tous ceux qui recherchent un récit science-fictionnel de grande qualité, alternant action et émotion ; les fanas d’humour noir omniprésent et d’histoire menée tambour battant ; les nostalgiques des grandes heures du cinéma d’anticipation des années 50 - pour le design - et les zélateurs des blockbusters SF actuels qui aiment les scénarios denses et foisonnants ; ceux pour qui extraterrestres riment avec gloumoutes baveuses, cyborgs exterminateurs et bestioles peu ragoûtantes et belliqueuses qui ne méritent qu’une disparition rapide et douloureuse / lecteur  averti - dès 16 ans -

Le + : Fear Agent a été pensé initialement par Remender comme une réponse à la science-fiction “tiède” et en perte de notions fortes qui avait envahi dans les années 2000 les étales et les cinémas - notamment au vu des concepts et préceptes qui la menait dans les années 50 -. Le matériau très riche et à fort potentiel que constitue Fear Agent a depuis été reconnu et Amazon en développe actuellement la série télévisée éponyme.

Fear Agent - broché - série complète - édition AKILEOS - 3 formats existent :

 En 4 tomes – 15,50€ l’unité - environ 140 pages chacun - tous les tomes sont parus

 Intégrale - 2 tomes - 30€ l’unité - environ 880 pages

 Omnibus - 1 tome (avec croquis, découpage etc...) - 70€ - environ  880 pages

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