27mars
Archéologue du bâti : un Indiana Jones version 3D !
Qui ne s’est jamais amusé à regarder le mur d’une église, d’un château en ruine ou de la ferme du voisin sans se demander ce que faisait cette fenêtre murée ou cette porte en hauteur ? Avez-vous résolu ce mystère ?
Eh bien devenez un archéologue du bâti, ou comme on l’appelle dans le métier « celui qui lit dans les murs ». L’archéologie du bâti est née au XVIIIe siècle durant les découvertes des temples et anciennes villes antiques. Puis au XIXe siècle, durant la période nommée « romantisme », écrivains, historiens et érudits se sont intéressés aux monuments religieux spectaculaires souvent abandonnés tels la cathédrale Notre-Dame de Paris ou l’abbaye de Fontevraud. Ces premiers explorateurs, artistes et érudits vont alors croquer, noter et dessiner dans leurs cahiers tout ce qu’ils voient et ainsi tenter de comprendre l’origine de ces bâtiments et leurs utilisations. Ainsi naît l’archéologie du bâti ! Ou plutôt la discipline qui consiste à comprendre qui, pourquoi et comment ont été construit ces monuments. Puis il faut répondre à la question : comment ont-ils évolué avec le temps ?
Ce métier ne consiste donc pas uniquement à fouiller dans le sol avec sa pelle, sa pioche et son pinceau mais nécessite d’escalader les échelles et échafaudages ou à l’inverse descendre casqué dans les caves et souterrains des bâtisses armés d’un crayon, de son cahier et d’un très bon appareil photo. Le but ? enregistrer tout ce que l’archéologue verra !
Car comme pour l’archéologie traditionnelle, il convient d’enregistrer ce que notre œil voit ! Toutes traces - couleurs de la roche, textures et nombres de cernes du bois, traces d’outils, impacts, couleurs des pigments, motifs des décors, graffitis, etc. nous racontent l’histoire de ce bâtiment, de ceux qui l’ont construit, ceux qui l’ont habité et parfois ceux qui l’auraient détruit !
Car bien souvent ces renseignements ne sont pas visibles dans les archives… L’archéologue du bâti est donc complémentaire à l’archiviste et l’historien pour reconstituer toute les pièces du puzzle !
Un archéologue du bâti se doit donc d’avoir de bonnes connaissances en histoire, en observation, en sciences (sciences naturelles et sciences physiques), connaître les différents métiers et artisans d’un chantier, un bon dessinateur, un bon photographe… et un soupçon aventurier (mais sans chapeau !) !
Dans les Vosges, pas moins de 340 édifices protégés Monuments Historiques ont été étudiés avec ces techniques, ainsi quenombreuses églises et fermes …et il en reste encore ! Alors si cela vous dit, devenez à votre tour un petit archéologue du bâti !
A faire depuis chez vous :
Postez-vous devant la fenêtre … vous apercevez un bâtiment (maisons voisines, immeubles voisins, granges, église, etc.) ? Alors prenez votre crayon à papier et sur une feuille quadrillée (pouvant vous aider à reporter les proportions) dessinez tout ce que vous pouvez voir de ce bâtiment, le plus précisément possible (dimensions, proportions, détails, etc.)
Une fois finie la phase d’observation et d’enregistrement vous allez devoir passer à la phase d’interprétation en imaginant sur une autre feuille ce qu’il peut y avoir derrière ces fenêtres et ces portes. Attention il ne faut pas faire n’importe quoi … posez-vous les bonnes questions : qui a bien pu construire ce bâtiment, pour qui et pour quelles fonctions ? Il vous sera plus facile de savoir quelle pièce se cachaient à l’origine dans ce bâtiment.
Pour finir prenez quelques photos du bâtiment (souvenir visuel). Le dossier est prêt ! Vous n’avez plus qu’à le présenter à vos porches et expliquer pourquoi vous avez identifié ce bâtiment de cette manière ! Si vous le souhaitez-vous pouvez numériser ce dossier et l’envoyer aux Archives départementales avec nom et adresse pour le conserver dans la section « #memoiredeconfinement #cultureChezNous » à l’adresse suivante : vosges-archives@vosges.fr !
Crédits photos : P.A. Jouffre