18mai
Qui sont Jacquot et Jacqueline ?
Le musée départemental n’étant pas encore rouvert au public, Vosges Mag vous propose de poursuivre la découverte de ses œuvres à distance. Pour ce huitième rendez-vous, faisons connaissance avec « Jacquot et sa Jacqueline ».
Connaissez-vous Jacquot et Jacqueline ? Jacquot n’est pas seulement le surnom donné à un oiseau qui jacasse, tel le perroquet. Jacquot est également le nom attribué à une sorte de pichet bien spécifique. Et, la particularité de Jacquot est d’être toujours accompagné de Jacqueline, son pendant féminin.
Ce couple appartient à une vaste famille dont la généalogie est incertaine. Leur origine est liée à une histoire ancienne, presque une légende. Dans les années 1430, des figurines en terre représentant une femme assise auraient été modelées par Jacqueline de Hainaut, fille de Marguerite de Bourgogne et petite-fille de Philippe le Hardi, alors qu’elle était emprisonnée. Depuis la fenêtre de sa cellule, elle jetait à l’extérieur ces petites sculptures qui auraient été recueillies par des paysans de la région. De là viendrait le modèle initial de ces pots qui furent fabriqués en grand nombre au milieu du XVIIIe siècle. Conçus d’abord dans les Flandres, ils furent ensuite fabriqués en France, en Hollande, en Belgique, au Luxembourg, jusqu'en Angleterre, où on les rencontre sous le nom de Toby jug.
Le pot Jacquot domicilié au MUDAAC a donc de très nombreux ancêtres et cousins. Selon leur costume, on voit que les membres de cette grande famille sont paysans, bourgeois ou militaires. Ce sont souvent des personnages truculents, un peu ventrus et débraillés, qui portent une bouteille à la main et un gobelet de l’autre. Comme le suggère le tonneau sur lequel notre Jacquot est assis à califourchon, ce pichet est destiné à contenir du vin. Dans d’autres cas, il s’agit de bière. Son couvre-chef, un tricorne, permet de verser le liquide. Une anse est ménagée à partir de sa coiffure serrée par un ruban. L’usure des décors en dorure sur le tablier et la coiffe de Jacqueline montre que ce pot a beaucoup servi. Dans les tavernes, ces contenants très décoratifs étaient généralement disposés sur les tables. Par leur bonhommie, ils incitaient les consommateurs à se resservir eux-mêmes.
Pour savoir dans quelle région les objets anciens étaient produits et utilisés, il suffit généralement de regarder l’inscription tracée en-dessous ou au revers. Une initiale ou un monogramme renvoie à une fabrique. Malheureusement, ces deux pièces sont dépourvues de ce genre de marque qui renseignerait sur leur provenance. Pour faire avancer l’enquête, si vous connaissez des frères et des sœurs de notre duo de pichets, n’hésitez pas à nous les présenter !
A la réouverture du MUDAAC, vous pourrez observer Jacquot et Jacqueline dans leur vitrine. En attendant, les collections restent accessibles sur le site internet : mudaac.vosges.fr