12août

Le jardin aquaponique de la Frezelle

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Sur son exploitation à Rouvres-la-Chétive, non loin de Châtenois, Mathilde Guyot, 35 ans cultive des légumes depuis février 2020. Ici, sous la serre, tomates, salades, haricots verts, petits pois, poivrons et autres courgettes s’épanouissent…  Les pieds dans l’eau… Visite guidée de ce « jardin extraordinaire ».

 

Mathilde pratique l’aquaponie, une méthode mêlant élevage de poissons et culture de légumes… Voilà qui explique la présence au milieu de cette serre de 1000 m2, d’un grand bassin où s’ébattent avec vigueur des dizaines de grosses carpes. C’est sur elles que repose en grande partie sa production de légumes. 

« Leurs déjections une fois transformées en nitrates par des bactéries deviennent un nutriment de choix pour les végétaux » explique la jeune entrepreneuse. Ce type de culture pratiquée par les Chinois depuis le IVe siècle et par les Aztèques jusqu’à la conquête espagnole a été redécouverte dans les années 1980 aux États Unis. Encore peu répandue,  on dénombre à peine une vingtaine de fermes aquaponiques en France et seulement deux dans les Vosges dont celle de Mathilde… Cette méthode offre pourtant bien des avantages.

 

Une culture écologique

Moins fatigante qu’une culture traditionnelle puisque les bacs sont à hauteur d’hommes (et en l’occurrence de femmes), elle est aussi écologiquement vertueuse. « Pompée dans les bassins à poissons, l’eau irrigue les huit longues rangées de bacs couverts de billes d’argile ou de plaques de polyéthylène dans lesquelles poussent les légumes. Une fois filtrée par les racines des plantes, l’eau retourne aux poissons » précise Mathilde. Ce circuit fermé permet d’économiser environ 80 % d’eau par rapport à une culture maraîchère de plein champ.

 

Des produits sains

Sous la serre chauffée à 18° grâce à l’unité de méthanisation construite juste à côté par ses parents et son frère agriculteurs, engrais, pesticides ou autres produits chimiques n’ont évidemment pas leur place… Les seuls auxiliaires admis sont les bourdons douillettement installés dans leur ruche. Plus pacifiques que les abeilles, ils vont polliniser les plantes qui en ont besoin pour fructifier. Dans son jardin aquaponique, Mathilde espère produire 16 tonnes de légumes par an. « L’aquaponie offre un rendement bien supérieur à une culture classique car les légumes poussent deux fois plus vite » ajoute-t-elle… Les tomates, courgettes, aubergines, poivrons, haricots verts, pois, épinards, blettes, salades, concombres, échalotes et les herbes aromatiques produits sont exclusivement vendus en circuit court directement à la ferme, dans la petite boutique attenante ouverte les mardis après-midi et samedis matin.

 

Du producteur au consommateur

Les clients peuvent réserver en ligne leurs commandes de légumes sur « Messenger » et venir les chercher au magasin. Les produits de Mathilde figurent également sur la plateforme « L’atelier de Ciboulette ». « Mes clients peuvent ainsi passer commande de divers articles et venir chercher leur commande dans mon magasin » souligne-t-elle. Pour compléter sa production dans le champ de 2000 m2 jouxtant sa serre, Mathilde cultive également légumes d’hiver et légumes racines. Avec l’aide du Conseil départemental, elle a aussi planté quelques arbres fruitiers et une haie de petits fruits. Dans peu de temps, Mathilde, qui exerce encore à mi-temps le métier de préparatrice en pharmacie à l’hôpital de Neufchâteau, espère  enfin pouvoir réaliser son rêve : devenir exploitante agricole à plein temps… Un rêve qui a nécessité 200 000 € d’investissement et auquel le Conseil départemental a contribué à hauteur de 6 000 €.

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