10janv.
Sainte Geneviève gravée façon Joseph Baléchou
Avec la rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC », Vosges Mag vous invite à découvrir à distance une des œuvres exposées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal. Ce lundi, partons à la découverte d’une gravure de Jean-Joseph Baléchou tout droit sortie de la collection des Princes de Salm.
Formé à la peinture puis à la gravure à Avignon, Jean-Joseph Baléchou poursuit sa carrière à Paris, dans l’atelier du graveur François-Bernard Lépiécé notamment. Il intègre l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1749 avec le portrait gravé du prince Frédéric-Auguste II de Saxe, d’après Hyacinthe Rigaud (1715). Si ce portrait lui apporte la prestigieuse reconnaissance de l’Académie, il lui occasionne également des déboires judiciaires, étant accusé d’avoir conservé un nombre d’épreuves plus important que prévu.
Baléchou retourne à Avignon en 1753 et y poursuit son activité de graveur, notamment des marines de Joseph Vernet. Au XVIIIe siècle, la gravure devient un support de représentation en vogue pour les collectionneurs : son coût, moins élevé que les peintures de maîtres, permet aux amateurs d’acheter des planches reproduisant les grands tableaux de l’époque.
Bel exemple d’une estampe d’interprétation, la Sainte Geneviève reprend la composition originale du tableau de Carle Vanloo, peint 1740 pour M. de Mornas à Avignon. Sainte Geneviève, patronne de Paris, est assise au pied d’un arbre et garde les moutons, tout en lisant. Trois chérubins volent au-dessus d’elle. Une quenouille de laine et ses sabots sont à ses côtés. Baléchou utilise la technique de l’eau forte qui consiste à recouvrir une plaque de vernis, dessinée ensuite par l’artiste au stylet. La plaque est ensuite plongée dans de l’acide, qui attache les lignes tracées. Cette technique délivre un rendu précis et fin, moins sévère que le burin.
Cette estampe est entrée dans les collections du MUDAAC par l’intermédiaire de la saisie révolutionnaire de la collection des Princes de Salm. Elle fait figure d’exception dans le corpus du Musée départemental, avec un dessin de François Boucher, dans cet ensemble composé majoritairement de peintures et sculptures. Cette gravure été vraisemblablement dissociée du portefeuille d’estampes également collectionnées par les Princes, car présentée « sous verre en bordure dorée ».
Constitué à la même époque que la collection de peintures par Louis Charles Othon, ce portefeuille d’estampes des Princes de Salm regroupait 2335 feuilles en 1778 et jusqu’à 3000 en 1793 lors de sa saisie suite à la Révolution. Conservé à la bibliothèque municipale d’Épinal depuis son arrivée en 1800, le fonds d’estampes de la collection des princes de Salm se compose de 107 gravures du XVIe au XVIIIe siècle. Le sort réservé au reste du cabinet nous est aujourd’hui inconnu, aucune source n’attestant son dépôt ailleurs qu’à Épinal.
Retrouvez toutes les collections du MUDAAC ici
BALECHOU Jean-Joseph (graveur)
Arles 1719 ; Avignon, 1764
VANLOO Carle (d’après)
Nice, 1705 ; Paris, 1765
Sainte Geneviève Patrone de Paris
Entre 1758 et 1759
Eau forte sur papier vergé
Collection des Princes de Salm
L.VI.18
© MUDAAC - Épinal, cliché Claude Philippot