21mars
Louis Marchand : le jardinier devenu peintre
Avec sa rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC », Vosges Mag vous invite à découvrir à distance une des œuvres exposées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal. Ce lundi, décryptons le style coloré et géométrique du peintre Louis Marchand à travers son oeuvre baptisée "la Famille royale".
Origine de Touraine, Louis Marchand exerce le métier de jardinier avant de rallier la commune de Saint Jean-Cap-Ferrat en 1934 pour l’entretien des jardins de la villa Ephrussi de Rothschild. Il est alors amené à côtoyer le milieu artistique de l’époque : artistes, galeristes et agents. Installé dans les sous-sols du musée Île-de-France, nom d’origine de la villa Ephrussi, Marchand des Raux réalise scènes de genre et natures mortes. Il relate sous son pinceau ou ses bâtonnets de pastels ses différentes rencontres. Son style coloré et géométrique s’approche de la manière de Soutine. Ses compositions naïves sont teintées d’humour et reflètent une perception du monde toute personnelle : scène paysanne, sujets religieux, contes de Perrault, grands de la Cour d’Espagne ou univers de cirque sont autant de thèmes qui ont inspirés et passionnés l’artiste.
L’effervescence artistique de la Côte d’Azur dans les années 1960 et le développement des galeries permettent à Marchand des Raux de se constituer une clientèle d’amateurs, en France et aux États-Unis. Le point culminant de sa carrière est la réalisation de décors de la chapelle de Sainte-Hospice, consacrée au moine ermite du même nom. Marchand des Raux réalise une série de vingt-sept pastels préparatoires qui seront reproduits à l’échelle dans la chapelle.
L’entrée de l’artiste dans les collections du Musée départemental se concrétise sous l’impulsion du conservateur André Jacquemin par l’acquisition d’une huile sur toile en 1965. Nous supposons que l’intégration du pastel dans les collections est concomitante de cet achat au collectionneur Ganaye à Nice.
La scène de ce pastel peut s’apparenter à l’entrée de Jésus à Jérusalem. Il est assis à califourchon sur un âne, la tête coiffée d’une couronne comme dans la tradition orientale. Le personnage qui le suit pourrait être l’apôtre Pierre. Toutefois la femme représentée à l’avant n’est pas identifiée. Les fleurs aux extrémités dorées peuvent s’apparenter aux rameaux et branches recueillis par les fidèles pour célébrer l’arrivée de Jésus.
L’artiste s’affranchit de toute règle de proportion : les trois personnages composent la scène, agencée de manière très libre.
Leur contour, comme ceux de l’architecture à l’arrière-plan sont soulignés au pastel noir. Le bleu omniprésent (peut-être une référence à Chagall) concourt avec le noir à figurer une scène imaginaire, dont la transcription aux traits naïfs renvoie à l’enfance et à la féérie des contes et légendes.
MARCHAND DES RAUX Louis
Fondettes, 1902 ; (?), 2000
La Famille royale
Vers 1949
Pastel sur papier
H. 25 ; L. 32
Collection MUDAAC Épinal
2018.0.91
© MUDAAC Épinal, cliché C. Philippot