10oct.
Les Rendez-vous du MUDAAC : vue sur les toits de Paris
Chaque semaine, la rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC » vous propose de découvrir une des œuvres présentées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal. Ce lundi, il s’agit d’un tableau d’Abram Krol baptisé « Les toits de Paris »
Ce paysage représentant une vue des toits parisiens est un dépôt du Musée national d’art moderne. Accompagné de onze autres peintures du même établissement, ce dépôt, effectué en 1955, fait suite à la volonté d’André Jacquemin, conservateur du Musée départemental des Vosges depuis 1954, de développer la collection beaux-arts consacrée à l’art contemporain.
Polonais de naissance, Abram Krol arrive en France en 1938 afin de poursuivre ses études d’ingénieur. Engagé dans la Légion étrangère en 1939, il est finalement démobilisé à Avignon, où il débute un nouvel apprentissage à l’école des Beaux-Arts de la ville en se formant à la sculpture et à la peinture. L’occupation d’Avignon et ses origines juives l’obligent à rejoindre Paris en 1944. Il y rencontre en 1947 Joseph Hecht, polonais et juif comme lui, qui le forme à la gravure. C’est dans ce domaine que Krol acquiert une notoriété, en développant des compositions mêlant la technique au burin et l’aquatinte en couleurs.
Nous pouvons supposer que cette vue des Toits de Paris est peinte depuis la fenêtre de la chambre de l’artiste, chambre dans laquelle une reproduction de Braque avait pris la place d’une de Van Gogh. Pourtant ce n’est pas l’effet de dislocation qui intéresse Krol mais plutôt un subtil jeu de miroirs autour de son sujet. La mise en page conjugue les lignes et parallèles, offrant de la profondeur à la composition, et une planéité des éléments d’architecture.
Les camaïeux de bleu, gris et vert amande, renforcés par la touche enlevée de l’artiste, renforcent le point de fuite. Ce n’est qu’à la seconde lecture que la nature morte apparaît au premier plan, dont la table devient la réplique formelle des verrières lui succédant dans la composition. Recherches et jeux de miroir et travail sur les coloris réduits à quelques tonalités illustrent la simplicité et l’économie de moyens voulues par l’artiste. D’un point de vue plastique avec la géométrisation de la composition, cette économie s’interprète également au niveau matériel. La restauration récente de l’œuvre a en effet démontré le réemploi du châssis et de la toile d’origine, et les nombreuses retouches réalisées par l’artiste.
© MUDAAC Épinal, cliché Claude Philippot © droits réservés - reproduction interdite
KROL Abram (Pabianice (Pologne), 1919 – 2001)
Les Toits de Paris 1953
Peinture à l’huile sur toile
FNAC 23506 / Dépôt du Centre national des arts plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication, Paris