07nov.
Les Rendez-vous du Mudaac : zoom sur les chemineaux de Jules Adler
Chaque semaine, la rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC » vous propose de découvrir une des œuvres conservées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal. Ce lundi, il s’agit d’un dessin de Jules Adler qui traite de sujet cher à l’artiste : le chemineau, ou celui qui parcourt les chemins et qui vit de petites besognes, d’aumônes ou encore de larcins.
Le dessin du Musée départemental, acquis en 1908 lors de l’exposition de la Société vosgienne d’art, représente un chemineau au repos, assis. La simplicité des moyens (crayon et encre noirs) renforce l’humilité de traitement du sujet.
Origine de Franche-Comté, Jules Adler s’installe à Paris en 1882 avec sa famille et intègre l’École des Beaux-Arts en 1884. Qualifié de « beau peintre des misères prolétariennes » en 1906 par le critique d’art Louis Vauxcelles, Jules Adler tire son inspiration du peuple et de sa misère sociale. Il peint et dessine les femmes, enfants, personnes âgées, souffrant de faim, d’abandon ou de pauvreté et les difficultés rencontrées par les ouvriers à l’ère du développement de l’industrie. La figure du chemineau est un thème récurrent dans son œuvre. Plusieurs peintures ou dessins représentant cette figure de travail sont conservés dans des collections publiques françaises : Le Chemineau (peinture à l’huile sur toile) acquis par l’État en 1899 et conservé au musée d’Orsay, La Chanson de la grand route (peinture à l’huile sur toile), acquis par l’État en 1908 et déposé au musée de la Tour des Échevins à Luxeuil-les-Bains ou Le Chemineau (peinture à l’huile sur toile), visible au musée Charles de Bruyères à Remiremont.
Qualifié de « peintre des humbles », Adler inscrit son œuvre dans le mouvement artistique et littéraire naturaliste, dans lequel la représentation de la nature, des mondes paysans et ouvriers et de la société sous la Troisième République est le thème de prédilection.
Adler délivre une vision positive du chemineau, synonyme de liberté et de voyage. L’ouvrier parcourant les chemins est figuré généralement de la même manière : chapeau sur la tête, gilet sans manche et barbe fournie. En 1924, lors du discours d’un vernissage d’exposition à Bruxelles, Adler rend hommage à cette figure ambivalente, souvent associée à la méfiance et au vagabondage : « J'ai de magnifiques histoires simplement humaines de chemineaux rencontrés sur la grand'route. J'en ai employé. J'en ai hébergé. Je les ai découverts. Et, si je les aimés, ils me l'ont bien rendu. »
ADLER Jules (1865, Luxeuil-les-Bains - Nogent-sur-Marne, 1952)
Les Chemineaux 1904
Lavis d’encre noire et crayon sur papier glacé
Achat, 1908
© MUDAAC Épinal, cliché Claude Philippot © Adagp, Paris, 2022