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Saint Nicolas, saint patron des Lorrains peint par Etienne Cournault
Chaque semaine, la rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC » vous propose de découvrir une des œuvres présentées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal.
Ce lundi, il s’agit d’une huile sur verre de Cournault représentant Saint-Nicolas, le saint patron de Lorraine, fêté le 6 décembre.
Fête traditionnelle en Lorraine, la célébration de saint Nicolas est inscrite depuis 2018 à l’inventaire français du patrimoine culturel immatériel.
D’origine lorraine, Étienne Cournault est né à Malzéville (Meurthe-et-Moselle) en 1891 dans une famille aisée. Il côtoie le milieu intellectuel et artistique nancéien par l’intermédiaire de son grand-père Charles Cournault, archéologue et passionné du Proche-Orient. Il prend des cours de dessin à l’École des beaux-arts de Nancy avant de s’installer à Paris, en 1920. Cournault s’intéresse alors aux mouvements d’avant-garde et formule notamment de nouvelles propositions plastiques en verre (miroirs peints et gravés), au sable ou sur fresque. Inclassable, il s’intéresse tant au cubisme qu’au surréalisme et développe un imaginaire merveilleux où se côtoient métamorphoses et mondes fantastiques.
Cette peinture sous verre illustre les nombreuses expérimentations de l’artiste sur ce médium. Traditionnellement ce type d’objet, originaire d’Allemagne ou d’Alsace, était issu d’une production artisanale destinée à un usage de dévotion. La peinture sous verre de Cournault s’inscrit dans un tout autre contexte. Même s’il conserve une iconographie religieuse, la réalisation est plus aboutie. En outre, l’œuvre est signée. Nous sommes donc loin de la dimension artisanale initiale.
La composition reprend les symboles associés à saint Nicolas. Le saint évêque, patron de la Lorraine, est reconnaissable à la mitre qui le couronne et la crosse tenue dans sa main droite.
Il bénit les trois enfants, sortant nus d’un seau. À l’arrière est représentée la très reconnaissable basilique Saint-Nicolas-de-Port, par ses deux tours clochers, dans laquelle une relique du saint est conservée et motivant sa fondation.
Enfin, l’arrière-plan rend compte de l’univers fantaisiste de l’artiste. La mer y apparaît avec un bateau navigant sur ses flots, et un personnage dansant sur la plage. Cournault fait ici sûrement référence au déplacement et à la dispersion des reliques du saint, de la ville de Myre en Turquie, à Bari et Venise en Italie, puis à Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine. La référence au boucher, tortionnaire des trois enfants sauvés miraculeusement par saint Nicolas, est visible par la peau de cochon séchant sur la façade de la maison devant la basilique.
COURNAULT Étienne
Malzéville, 1891 ; Saint-Nicolas-de-Port, 1948
Saint Nicolas
1947
Peinture à l’huile sur verre
Don des Amis du Musée, 1970 ; collection Denyse Lécole
DL.70.57
© MUDAAC Épinal, cliché Claude Philippot © Adagp, Paris, 2022